Avicenne et les intraduisibles. Pour un lexique philosophico-médical de la théorie de l’âme
École normale supérieure – 25, 26, 27 mai 2023
Organisation Meryem Sebti et Mali Alinejad Zanjani
Il existe des textes, comme ceux sur l’âme d’Avicenne (Ibn Sīnā, 980-1037), qui ont vécu autant de vies que leurs traductions. Comment traduire change-t-il la manière de philosopher et infléchit-il le sens des mots ? La translatio studiorum du grec à l’arabe et de l’arabe au latin scolastique, puis au latin humaniste, en passant par le syriaque, en contact avec l’hébreu, s’articule sur plusieurs siècles, circulant d’un espace géographique à l’autre.
Les textes philosophiques et scientifiques grecs sont d’abord traduits en arabe sous l’impulsion de la dynastie Abbasside, à Bagdad, entre le VIIIème et le Xème siècle, pour ensuite passer par Cordoue et Tolède au XIIème siècle et arriver à l’Europe latine : des traducteurs comme Avendauth Israelita (mort à Tolède vers 1180) et Dominicus Gundissalinus, s’emparent de ce qui deviendra le Liber de anima seu Sextus de naturalibus (Kitāb al-nafs). En Italie, à la Renaissance, se trouvent des traductions isolées, comme celles des grands textes d’Avicenne par Andrea Alpago (1450-1521), en particulier le Compendium de anima (Al-maqāla fī l-nafs) et le Canon de médecine (al-Qānūn fī al-tibb).
Dans la lignée du Vocabulaire européen des philosophies de Barbara Cassin (Seuil, 2004) et le Saggio di lessicografia filosofica araba de Mauro Zonta (Paideia, 2014), ce colloque questionnera le vocabulaire, dans une perspective interdisciplinaire et transdisciplinaire, pour une étude au prisme des transferts des savoirs et par une approche pluraliste vis-à-vis des réseaux de traduction en lien avec la pensée philosophique.